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Histoire et archéologie des espaces urbains (bilan)

Espaces urbains

Fondées sur les sources écrites, les recherches d’É. Hubert sur la Rome médiévale ont fait l’objet de plusieurs contributions qui visent à améliorer la connaissance du fonctionnement de l’espace urbain médiéval [M. Royo, É. Hubert et A. Béranger (dir.), Rome des quartiers : des vici aux rioni. Cadres institutionnels, pratiques sociales et requalifications entre Antiquité et époque moderne, Paris, De Boccard, 2008, 398 p. ou É. Hubert, « L’organisation territoriale et l’urbanisation », dans A. Vauchez (dir.), Rome au Moyen Âge, Paris, Riveneuve éditions, 2010].

La rédaction d'un livre sur Meaux au Moyen Âge a permis à M. Wilmart d'envisager l'histoire des espaces urbains périphériques de la région parisienne. L'absence de sources locales de type communal ou judiciaire a longtemps laissé dans l'ombre les villes secondaires de l'est de l'Île-de-France comme Meaux, Lagny, Coulommiers, Melun et, dans une moindre mesure, Provins. Il a donc fallu contourner cet obstacle en dépouillant de façon systématique les archives des établissements ecclésiastiques meldois, composées pour l'essentiel des titres de propriétés et de baux, qui se sont révélées suffisamment riches pour permettre la reconstitution d'une grande partie des élites de la ville et pour comprendre l'évolution de l'espace urbain entre le XIIe siècle et le début du XVIe siècle. Les sources parisiennes, judiciaires ou notariales ont pu utilement compléter les lacunes. Sans s'enfermer dans l'approche monographique, il a également fallu interroger les ressorts géographiques de l'histoire d'une ville, géographie locale, urbaine et rurale, mais également géographie régionale mettant en lumière les dynamiques des différents espaces dans lesquels s'inscrit Meaux au Moyen Âge : le réseau fluvial et routier autour de Paris, le comté de Champagne, les villes secondaires de la Brie. Au final, on disposera à la fois d'une histoire politique de Meaux, soulignant le glissement d'une ville champenoise à une ville de la région parisienne au gré des changements dynastiques et des actions municipales, et d'une histoire socio-économique relevant le rôle joué par la draperie dans le développement de fortunes locales, la forte attractivité liée à une proximité des foires de Champagne qui conduit des compagnies italiennes à s'y installer. Sont successivement analysés les différents mouvements de population, tant de l'élite que des couches inférieures, parfois marginales ; la circulation des hommes se double d'une circulation des marchandises dont la rivière Marne, sur laquelle la ville est construite, assure le cheminement. Enfin, M. Wilmart s'est interrogé sur l'enchevêtrement des types d'espaces à l'intérieur ou aux abords immédiats de Meaux : relations de la ville avec sa rivière (moulins, pêche) ; faubourgs semi-ruraux, abritant laboureurs et vignerons, et objets de poussées d'urbanisation dans lesquelles investissent les différentes composantes de la société ; enfin formation des quartiers nés des vagues de la croissance urbaine.

Le château de Vincennes

L’activité principale de J. Chapelot est l’étude du château de Vincennes (Val-de-Marne). Ce travail, engagé en 1992, repose sur une vingtaine de fouilles, le dépouillement d’une masse importante d’archives médiévales, modernes et contemporaines et l’étude architecturale en liaison avec un important programme de restauration. Outre une quarantaine de travaux universitaires relatifs à ce programme conduits depuis 1994, plusieurs rapports de fouilles et ouvrages ont été publiés. Le travail de terrain est pratiquement terminé et l’activité actuelle se concentre sur la rédaction d’une publication de synthèse, désormais très avancée.

Urbanisation, résidence et citoyenneté

Le cadre choisi par É. Hubert est celui de l’Italie centrale et septentrionale, principalement au cours de la période communale (XIIe-XIVe siècle), connue pour l’importance exceptionnelle de la croissance urbaine – démographique, topographique, économique, sociale – et de ses développements politiques et culturels et pour celle des séries documentaires publiques et privées conservées.

Il s’agit d’étudier les rapports, nouveaux, qui s’établissent, dans le cadre des cités-états que sont les communes, entre les gouvernements ou l’État et les administrés. Ces recherches, qui reposent en particulier sur le dépouillement d’archives à Sienne, à Florence et à Bologne ont été facilitées par l’obtention d’un financement du Fonds de la Recherche de l’EHESS en 2009-2010 et par l’élection comme Visiting Professor à l’Università degli studi di Firenze pour l’année universitaire 2010-2011.

Les modalités que mirent en œuvre les autorités communales pour gérer leur formidable croissance matérielle et humaine n’ont guère retenu l’attention de l’historiographie. L’étude des relations imbriquées et complexes entre l’urbanisation, l’immigration et la citoyenneté et celle de la mise en place de véritables politiques urbaines cherchent à comprendre les modalités de l’intégration dans le corps social et politique de la cité d’une population immigrée en forte croissance par le biais de son enracinement matériel – par le logement et la résidence – dans le tissu urbain.

L’augmentation extraordinaire des besoins en logements nouveaux pour une population citadine se chiffrant entre 250 000et 400 000 habitants fut la première conséquence de cette croissance démographique. L’étude des modalités juridiques des processus d’urbanisation permet de comprendre les motivations des politiques promues par les autorités communales dans le secteur foncier et immobilier pendant la période examinée.

Un processus unique semble avoir prévalu : les propriétaires du sol ont offert des terrains constructibles selon des conditions, des prix, des échéances variés, laissant aux concessionnaires la charge et la dépense de la construction. La concession des terrains à bâtir prit parfois la forme de véritables lotissements. Les modalités contractuelles de l’urbanisation des périphéries par ce biais eurent des conséquences juridiques, économiques, sociales voire politiques fondamentales. Les autorités communales ne se contentèrent pas de contrôler la dynamique de l’urbanisation, réservant l’accès à la citoyenneté aux seuls propriétaires et limitant, ou cherchant à limiter, l’assise territoriale des grands propriétaires ecclésiastiques et laïques. Elles ont mis en œuvre, ou tenté de le faire, des politiques anti-seigneuriales plus radicales, décrétant des mesures générales visant à libérer le sol urbain et péri-urbain. L’affranchissement du sol urbain et l’abrogation des seigneuries foncières citadines formaient deux étapes nécessaires pour leur permettre d’exercer pleinement leur pouvoir et leur autorité sur la totalité du territoire citadin et mettre en œuvre les grands programmes d’urbanisme et de décor urbain qui transformèrent le visage des villes italiennes.

 

Identité et identification des personnes

L’importance de la croissance démographique et de l’expansion urbaine, la mobilité des individus, les changements politiques dans les villes de l'Italie centrale et septentrionale posent la question connexe des rapports entre le pouvoir et les individus et donc celle de l'identification des personnes et, la certification de leur identité, qui se posent sous un jour nouveau à partir du XIIIe siècle. Le développement d’un appareil bureaucratique de plus en plus raffiné dans les communes italiennes, véritables états bureaucratiques au sens wéberien, repose sur la mise en place de procédures d'enregistrement des individus, fondées en amont sur une réflexion politique et juridique codifiant l’identité civile des individus et définissant les modalités de leur identification, et provoquant en aval des pratiques de certification et de vérification de l’identité.

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